A quoi ressembles-tu ?

Sophie n’avait jamais vraiment compris ce qu’était d’être un groupe avant d’arriver chez les Chasseresses. Elle avait apprécié sa vie au Camp des Sang-mêlé, mais elle n’avait pas eu l’impression d’une unité, ni en tant que Camp, ni parmi les enfants d’Athéna. L’exception à cette règle, c’était quand ils faisaient une course à l’étendard, bien entendu, mais ça ne comptait pas très longtemps. Sophie s’était sentie proche d’Annabeth et de certaines des filles d’Aphrodite, mais elle n’avait jamais eu cette notion de communauté.

Mais ici, chez les chasseresses d’Artemis, cette notion était au centre des préoccupations. Ici, on formait un tout, on s’entraidait les unes les autres. On poursuivait toutes un même objectif. Sophie avait l’impression d’avoir trouvé des sœurs et elle avait beaucoup d’affection tout particulièrement pour Thalia, fille de Zeus et chef des chasseresses. C’était Thalia qui lui avait proposé de les rejoindre en lui expliquant tout ce que ça impliquerait pour elle. Sophie n’avait pas hésité longtemps. Bien entendu, elle aurait maintenant toujours douze ans, mais elle était bien à cet âge, alors ça ne l’ennuyait pas.

Elle ramenait du bois pour le feu. Les filles le faisaient à tour de rôle. Elle regarda avec émotion les filles rire et bavarder innocemment autour du feu de camp. On aurait presque dit un rassemblement de jeannettes, comme il y en avait partout en France. Elle allait les rejoindre quand elle s’interrompit pour observer une femme arriver. Elle était très belle et très majestueuse et Sophie ne put s’empêcher de penser qu’elle devait être particulièrement puissante. Figée, elle n’osait pas bouger.

Sophie fut très surprise en entendant la femme lui souhaiter bonne chance et l’appeler « Petite sœur ». Peut-être était-elle simplement une des nombreuses filles d’Athéna, mais ça n’expliquait pas pourquoi la jeune chasseresse ne l’avait jamais vue auparavant. Comme elle s’en allait vers le campement, Sophie n’eut pas le temps de l’interroger et elle se contenta de ramener les bûches. Deux des autres chasseresses s’en emparèrent et, en compagnie de Sophie, elles ravivèrent le feu.

Thalia était en train d’exposer un plan de bataille pour affronter une compagnie de monstres qui pouvaient être dangereux pour les humains dans le coin. Sophie aimait beaucoup cette façon qu’avaient les chasseresses de venir en aide à la population et le plan de Thalia était rondement mené. Zoé, qui dirigeait le second groupe dont Sophie ne faisait pas partie, prit ensuite la relève pour donner les directives à son groupe. Puis, Thalia demanda à Sophie si elle pouvait aller remettre les parchemins à Artémis.

Sophie se rendit donc dans la tente et elle ne put qu’entendre la fin de la phrase de la jeune inconnue qui l’avait appelée « Petite sœur ». Elle poussa un cri de stupeur. Ainsi, Artémis avait une fille, mais comment était-ce possible ? Cela contrevenait à toutes les règles qu’elle avait toujours inculquées à ses chasseresses. Aussitôt, la jeune inconnue s’empressa de l’entraîner à l’extérieur, mais Sophie se déroba.

« Un instant, s’il-vous plaît », dit-elle avant de tendre les parchemins à Artémis. « Ce sont les plans de Thalia et Zoé pour l’opération qu’on est sur le point de mener. Je vous prie d’excuser mon indiscrétion, Artémis. »

Puis, consciente qu’elle avait commis une faute et ne s’attendant à aucune clémence de la part de l’inconnue, Sophie la suivit dans une clairière à l’écart. Mais au lieu de se fâcher, la femme se présenta. C’était donc bien, comme elle l’avait présupposé, une fille d’Athéna, sa sœur donc, et elle se demandait comment Sophie allait réagir à ce qu’elle avait entendu. La fillette hocha doucement la tête.

« Oui, je ne m’attendais pas à ça. Pourriez-vous…, enfin c’est un peu présomptueux de ma part mais… pourriez-vous m’expliquer ce qui s’est passé ? Notre déesse bien-aimée… enfin… quelqu’un lui aurait-il… fait du mal ? »

Ce qui était probablement la seule raison pour laquelle elle aurait pu avoir un enfant. Oui, évidemment, ça ne pouvait pas être autre chose.

Sophie avait toujours su que Chronos était dangereux. Elle connaissait les légendes et en plus, elle avait eu l’occasion de voir Chronos à l’œuvre quand les autres demi-dieux étaient allés le combattre. Mais elle ne l’avait jamais personnellement affronté. L’idée qu’il ait pu attenter à la réputation d’Artémis mettait Sophie dans une rage folle. Si jamais elle en parlait aux autres chasseresses, il n’y aurait plus personne pour contrôler la vague déferlante de colère chasseresse sur cet abominable titan. Sauf que, bien entendu, elles se feraient probablement toutes massacrer.

« Vous vous êtes donc sacrifiée pour que notre déesse puisse rester pure. Chère sœur, puisque c’est ce que vous êtes, je ne saurai assez vous remercier pour ce geste. »

Les révélations concernant l’altération du code génétique que Atanaline avait fait subir à celle qui n’était autre que sa nièce effarèrent Sophie. C’était un puissant pouvoir et qui n’avait rien de commun avec ceux que pouvaient avoir les Sang-Mêlés comme elle. Mais si cela permettait à Artémis de conserver la réputation qui était la sienne, alors Sophie ne pouvait qu’être heureuse que sa sœur possède un tel pouvoir et qu’elle s’en soit servie de cette façon. C’était tout à fait une chance.

« Et qu’est devenue cette petite puce ? Ce doit être encore un bébé. Elle va bien ? Est-ce pour elle que vous nous avez rendu visite ? »

Sophie commençait déjà à s’inquiéter pour la santé et pour la sécurité de cette enfant dont elle venait tout juste d’apprendre l’existence. C’était, chez elle, une façon courante de fonctionner. Elle avait tendance à se soucier des choses avant même qu’elles ne se produisent, ce qui avait pour effet de faire beaucoup réfléchir ses supérieures hiérarchiques et permettait d’éviter bien des pièges et des dangers.

J'attendais avec angoisse la réaction de ma petite soeur. Ce que je venais de lui révéler avait de quoi en effrayer plus d'un. Surtout que Sophie était encore très jeune, ce genre de révélation pouvait l'ébranler.

-Vous vous êtes donc sacrifiée pour que notre déesse puisse rester pure. Chère sœur, puisque c’est ce que vous êtes, je ne saurai assez vous remercier pour ce geste.

Elle était trop choupie cette petite. Elle voulait me remercier pour ce que j'avais fait, alors que c'était normal de l'avoir fait, puisque je le pouvais. Néamoins, ça me faisait plaisir d'avoir pus en parler à quelqu'un. Garder tout ça pour moi devenait pesant. Sophie semblait fidèle à Artémis, elle ne dévoilerait rien de tout ça sachant que ça causerait du tord à sa déesse. J'espère qu'on pourra nouer un lien familial toutes les deux, comme avec Percy et Annabeth. Je ne l'avais que vaguement vue au camp j'étais occupée ailleurs. Je me promis de garder un oeil sur elle lorsque je retournerais sur l'Olympe. Je la protégrais, même de loin. Bien sur, parmis les chasseresses elle était en sécurité, mais je préférais quand même la surveiller.

-Tu n'as pas besoin de me vouvoyer tu sais. Je suis ta soeur avant d'être une déesse. Je n'aime pas tout ce protocole qui nous éloigne.

Je ceuillais 2 fleurs pour en modifier leurs cellules jusqu'à ce qu'elles deviennent du chocolat et en donnai une à ma petite soeur. J'espèrais qu'elle aimait ça, sinon bonjour la gêne...

-Pas la peine de me remercier, j'ai fais ce qui est juste. Et puis Artémis m'a aidé lorsque j'étais au plus mal... Je pense pouvoir dire qu'on est proche maintenant.

Les horreurs que James, sous l'apparence d'Octave m'avait fait me revenait en mémoire. Et dire que je l'aimais à une époque. Bien avant de découvrir que j'étais une déesse. Je me demande ce qu'il devenait au camp des Romains. Ce que Reyna avait fait de lui.

-Et qu’est devenue cette petite puce ? Ce doit être encore un bébé. Elle va bien ? Est-ce pour elle que vous nous avez rendu visite ?

Sophie était vraiment adorable, elle s'inquiétait pour sa nièce alors qu'elle venait tout juste d'apprendre son existence.

-Pour l'instant elle est en Grèce sur un dangereux bateau de guerre... Notre soeur, Annabeth, s'en occupait jusqu'à ce qu'elle tombe dans le Tartare avec Percy, mon frère. Oui elle est encore toute jeune, elle n'a que 2 ans. Elle va bien pour l'instant. Je suis venus vous rendre visite pour retourner un peu dans mon chez moi, la Terre, le monde mortel. Mais aussi pour demander à Artémis si elle voulait bien protéger un peu Alexia. Mais elle a refusé parce qu'elle n'ose pas enfreindre les lois comme je le fais si régulièrement. C'est qu'un bébé... elle n'a rien à faire au milieu d'une guerre tu comprends...

Atanaline était une personne simple, sans préjugés et qui semblait voir avant tout le bonheur d’être ensemble, la joie d’avoir une famille, la simplicité des rencontres et des rapports heureux. Tant de choses qui faisaient penser à Sophie qu’elle pourrait être une sœur merveilleuse. Et voilà qu’elle proposait de l’être d’une certaine façon. Sophie n’était pas à l’aise de tutoyer une déesse, mais si c’était elle qui le lui demandait, surtout qu’elles étaient sœurs. Alors Sophie osa.

« Je te remercie », dit-elle plus bas qu’elle ne l’aurait voulu. « Artémis a de la chance de t’avoir. »

Une certaine gêne s’empara de Sophie quand elle osa ce tutoiement. Toutefois, Atanaline ne sembla pas s’ne formaliser et cueillit deux fleurs avant de les changer en chocolat. Quand elle en offrit un à Sophie, celle-ci devint rouge écarlate et la remercia par balbutiements avant de goûter le présent. Un pur délice. Du chocolat de déesse. Sophie en fut extrêmement honorée malgré la simplicité de la jeune femme. Toutefois quand elle parla de l’aide de la déesse, Atanaline sembla se rappeler de douloureux souvenirs. Le regard de la déesse fut comme un coup de poignard au cœur de la jeune chasseresse qui, spontanément, posa sa main sur le bras de sa sœur.

« Courage, ma sœur », lui dit-elle avec douceur. « La vie est parsemée d’embûches et certaines sont parfois très rudes. Mais si l’on croit en la vérité, la justice et l’amour, alors les choses finissent toujours par s’arranger. Et en attendant, on peut toujours s’appuyer sur ceux qui nous sont chers. Si tu le désires, tu pourras… t’appuyer sur moi à l’avenir », acheva Sophie comme une proposition à sa sœur aînée.

La discussion porta ensuite sur l’enfant qui d’Artémis était devenue celle d’Atanaline. Sophie se demandait ce qu’était devenue la petite et sa sœur lui répondit. Imaginer sa nièce sur un bateau de guerre au loin ne plut pas à Sophie, surtout qu’elle n’avait que deux ans. Mais en premier lieu, la nouvelle qu’Annabeth était dans le Tartare fut un nouveau coup au cœur de la chasseresse. C’était Annabeth qui était venue la chercher, Annabeth qui l’avait accueillie au sein des filles d’Athéna. Sa voix trembla quand elle prit la parole.

« Annabeth… Dans le Tartare… Mais… Mais… pourquoi… est-elle en vie ? Va-t-elle bien ? Oh je la sais très courageuse mais… Le Tartare tout-de-même, ce n’est pas rien… »

Le visage de Sophie avait brutalement perdu en couleurs. Ses pensées avaient momentanément quitté sa nièce pour sa chère sœur en danger. En son cœur, elle priait Zeus, Héra, Athéna, Artémis le panthéon au grand complet pour qu’ils protègent cette sœur qu’elle chérissait tant.

Parler avec Sophie m'avait fait du bien, seulement, je l'avais chargé d'un fardeau qui n'était pas le sien... Elle était trop jeune pour être mêlée à toutes ces histoires. C'était mon devoir de la protéger. Et, lorsque à l'évocation de mes souvenirs du camp Jupiter, je m'étais refermée sur moi, je fus surprise de la voir poser son bras sur le mien et me rassurer. Cette petite était vraiment étonnante. Mais je ne pouvais m'appuyer sur elle. C'était moi la déesse, c'était à elle de s'appuyer sur moi, et non l'inverser. Je lui offris un sourire attendrit, et m'autorisai à la prendre brièvement dans mes bras. On parla ensuite de la situation de ma petite Alexia. Situation qui m'inquiétait au plus haut point. Mais, j'avais peut-être comis une erreur en révélant à ma petite soeur que notre Annabeth était dans le Tartare, voilà qu'elle s'inquiétait également pour elle. Il faudrait vraiment que je surveille Sophie de près à l'avenir, je craignais que ce réflexe de s'inquiéter pour tout ses proches ne lui joue quelques tourments un jour.
-Annabeth… Dans le Tartare… Mais… Mais… pourquoi… est-elle en vie ? Va-t-elle bien ? Oh je la sais très courageuse mais… Le Tartare tout-de-même, ce n’est pas rien…
Elle semblait vraiment bouleversée. Je savais qu'elle tenait grandement à notre soeur, c'était elle après tout qui l'avait amenée à notre camp. Ce devait être je pense, la soeur dont elle était le plus proche. Je ne voulais pas qu'elle ait peur ainsi. Je me servis de mes pouvoirs divin pour lui envoyer une vague de sentiment apaisant. J'espérais que cela suffirait à lui faire du bien pour l'instant. Puis je sentis qu'elle priait les dieux, enfin, les autres dieux, pas moi. Personne ne me priait, je n'étais pas une déesse connus, et je n'avais pas besoin que l'on me prit pour que je vienne en aide. Néanmoins, une pointe d'agacement me titilla. Non pas à l'égard de ma soeur, mais pour notre famille divine, qui restait sourde aux prières de leurs progénitures.
-Inutile de prier les dieux ma petite Sophie. Ils sont trops absorbés par leur problèmes de personnalités Greque/Romaine en ce moment pour nous écouter. Et, même lorsqu'ils avaient toute leur tête ils n'ont jamais vraiment écouter nos prières... Nous avons toujours dûs nous débrouiller par nous-même lorsque nous étions en danger. En ce qui concerne Annabeth et Percy... Si ça ne tenait qu'à moi, je serais déjà dans le Tartare entrain de les sauver. Mais mes parents m'interdisent de quitter l'Olympe, de venir en aide aux mortels. Et venir jusqu'ici était déjà très compliqué et risquer, je ne peux pas aller plus loin... En revanche, je fais tout ce que je peux pour les aider. Je leur envois des vivres, des armes, et, lorsque c'est possible, je détourne l'attention des monstres pour qu'ils ne soient pas repérer. Je ne peux malheureusement pas faire plus... C'est à eux de trouver le moyen de sortir, ils vont devoir réaliser cet exploit pour revenir. Mais j'ai confiance en eux, continuais-je pour finir sur une note plus joyeuse. A eux deux ils forment une équipe imbattable, capable de se sortir des pires ennuis imaginable. N'ais pas peur ma soeur, nous les reverrons bientôt.

Les dieux n’étaient pas vraiment disponibles en ces instants pénibles, Sophie le savait. Mais ce n’était pas une raison pour qu’elle se prive de prier sa mère, notamment, surtout si le bien-être de sa sœur préférée était en jeu. Mais Athéna ne pourrait pas faire grand-chose pour la jeune fille tant qu’elle se trouvait dans le Tartare. Personne ne pouvait faire grand-chose, mais l’idée que l’enfant d’Artémis et de sa sœur Atanaline soit dans une situation aussi dangereuse inquiétait la jeune fille.

Heureusement, de toute évidence, Atanaline veillait au grain. Elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour réussir à protéger Annabeth et ses compagnons. Mais la folie dans laquelle le monde plongeait n’était pas rassurantes et même les chasseresses ne seraient pas à l’abri. Ce n’était pas évident pour Sophie de trouver la voie à suivre dans ce maelström de troubles qui envahissaient le monde, mais étrangement, elle avait confiance en Atanaline quand elle la rassurait en disant que tout irait bien.

« Je dois bien avouer que j’ai peur du combat qui s’annonce, ma chère sœur. »